French Forum - Les nouvelles du mois de mai 2003
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Editorial
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Affichées le dimanche 18 mai 2003
                                   
La République Dominicaine est secouée par un enorme scandale bancaire; comme toujours, un associé d'Aristide grandement impliqué

La faillite frauduleuse de Baninter, qui laisse un "trou" de plus de 2 milliards d'euros, se double d'une bataille politique Saint-Domingue de notre correspondant

A tout juste un an de l'élection présidentielle, le gouvernement dominicain vient de prendre le contrôle du principal groupe de presse à la faveur de la faillite frauduleuse et retentissante de Baninter, la deuxième banque commerciale du pays. Listin Diario, vénérable institution de la presse dominicaine, ainsi que trois autres quotidiens, quatre chaînes de télévision et soixante-seize stations de radio ont été placés "sous contrôle administratif". Tous ces médias appartiennent à Baninter et à son actionnaire principal, Ramon Baez Figueroa, arrêté avec deux vice-présidents de la banque sous les accusations de blanchiment d'argent, d'escroquerie, d'abus de biens sociaux et d'émissions de chèques sans provisions.

Ramon Baez Figueroa est l'un des hommes les plus riches et les plus influents de République dominicaine. Ne cessant d'étendre son empire médiatique, il était l'ami de tous les présidents, passés, présent et à venir. Il leur prêtait ses avions et ses hélicoptères, leur offrait les véhicules les plus luxueux ou leur versait des pensions. Il "arrosait" généreusement les principaux partis politiques, l'Eglise catholique, les artistes et les journalistes en vue. Son sourire satisfait et ses conseils de "bonne gouvernance" s'étalaient à la une du Listin Diario, le quotidien le plus respecté de Saint-Domingue jusqu'à ce que l'ancien président Leonel Fernandez lui permette d'en prendre le contrôle en 2000.

Le magnat est sous les verrous depuis le mercredi 14 mai, accusé par le gouverneur de la banque centrale d'avoir orchestré "une fraude sans précédent, exécutée par une association de malfaiteurs". Selon un rapport de la banque centrale établi à la suite d'une enquête d'experts internationaux, la faillite de Baninter se solde par un trou d'au moins 55 milliards de pesos (2,145 milliards d'euros). Une somme considérable, équivalant à 80 % du budget de l'Etat dominicain. Le gouvernement a promis que tous les engagements de Baninter seraient respectés et qu'aucun épargnant ne serait lésé.

"ENTITÉ CLANDESTINE"

Depuis 1989, Baninter recouvrait en fait deux banques : l'une, officielle, soumise à la supervision des autorités monétaires, et "l'autre, clandestine, dont les comptes et les transactions n'étaient connus que de quelques cadres dirigeants très proches du principal actionnaire", a expliqué le gouverneur de la banque centrale, José Lois Malkum. Grâce à cette "entité clandestine qui utilisait une plate-forme technologique conçue en République dominicaine",Baninter a pu tromper les banques étrangères et les organismes financiers multilatéraux.

Entre janvier et mars 2003, quelque 17 milliards de pesos (663 millions d'euros) se sont volatilisés lorsque les dirigeants de Baninter ont ordonné "d'effacer pratiquement toutes les facilités de crédits et les prêts confidentiels qui avaient été accordés au principal actionnaire et à ses proches".

Parmi les principaux bénéficiaires de la fraude, M. Malkum a cité Luis Alvarez Renta, nommé ambassadeur de République dominicaine à Paris en mars 2003. Il a été révoqué, mercredi, par décret présidentiel. Intrigué par la fortune considérable de cet ambassadeur qui se déplace à bord de son jet privé et entretient de fructueuses relations d'affaires avec le président haïtien, Jean-Bertrand Aristide, le Quai d'Orsay avait tardé à lui accorder son accréditation. Peu avant son arrestation, Ramon Baez Figueroa a accusé le gouvernement d'attenter à la liberté de la presse en s'emparant de ses médias pour les mettre au service de la campagne en faveur de la réélection du président Mejia. Principal concurrent d'Hipolito Mejia et grand bénéficiaire des faveurs de Baninter, l'ex-président Leonel Fernandez a dénoncé "une opération politique précipitée".

Social-démocrate atypique, Hipolito Mejia, qui a aussi profité des largesses de Ramon Baez Figueroa, a récemment annoncé qu'il briguerait un nouveau mandat, malgré une forte opposition au sein de son parti. Appartenant à l'Internationale socialiste, le Parti révolutionnaire dominicain (PRD) s'est historiquement opposé à toute réélection présidentielle, associée, à Saint-Domingue, à la tradition autoritaire.

Jean-Michel Caroit ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 18.05.03 de Le Monde.

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