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Affiché le mardi 7 octobre 2002 |
La Fallite Haitienne |
Par Jean Baptiste |
Depuis trop longtemps Haiti se débat dans un marasme politique, économique et social. Un pays sans élan, sans âme et peut être sans perspective. Nous avons manqué tous nos rendez-vous avec la modernité et la démocratie. Léchec est si grand quon se demande si un jour ce pays pourrait reprendre un rythme de vie plus ou moins normal. La faillite est totale. Il ny a pas de secteur épargné L'ETAT
Après avoir pris le pouvoir en 2000 par des élections frauduleuses, M. Aristide fait l'impossibilité pour établir un état totalitaire.
Dans la foto, droite, de gauche à
droite, Gérard Pierre-Charles (leader de l'opposition démocratique), David Lee
(Representant Special de L'O.E.A. à Haiti), Jean-Bertrand Aristide (dictateur
brutal). En effet, le pouvoir est vassalisé. Les juges rendent des jugements autorisés par l'exécutif, les ordonnances de non-lieu dictées par les tribunaux sont méprisées, (cas Prosper Avril, Rosemond Jean, Guy François et autres), des juges s'exilent pour ne pas signer les dossiers montés de toutes pièces, des citoyens sont jetés en prison on se rapelle plus pourquoi et y demeurent sans bénéficier d'assistance d'avocat ou de jugement. La Cour de Cassassion n'est que l'ombre d'elle-même, composée de juges devoués au pouvior. |
Le pouvoir législatif, issu également délections truquées, nexiste que pour justifier des chèques émis par lEtat au profit de pauvres hères qui saffublent pompeusement du titre de sénateurs et de députés. Un "sénateur", ou donné pour tel, critique durement la police dans les stations de radio. Il accuse un inspecteur de kindnapping mais nose révéler son nom. Pourtant il laisse échapper un énigmatique "Bob" qui laisse croire quil sagit du nom de linspecteur-kidnappeur. Ce Bob serait-il Jean Robert Espere? Laction publique a assez déléments pour se mettre en mouvement car si nous avons pu déchiffrer lénigme, la justice a dû le faire aussi. Il dit ne pas pouvoir convoquer les cadres de cette institution. Le problème est donc porté sur les ondes. Alors à quoi sert-il, ce Parlement? Ces messieurs ne semblent pas connaitre le rôle de cette branche de lEtat. Recevoir mandat du peuple et se pencher au moins sur les problèmes du pays. Un pouvoir législatif ne saurait avoir un autre visage sous un pouvoir lavalas qui a toujours plaidé pour une démocratie directe. Le pouvoir dans la rue, sur le béton, sur les ondes. "A bas la démocratie représentative". Ce fut depuis 1991 le slogan de lavalas et de ses membres. Même de ceux qui aujourdhui sinsurgent contre la direction du pays et font semblant de navoir pas su que Aristide était dès le début un dictateur sans vision aucune.
La police est politisée et obéit sans état dâme aux ordres du pouvoir. Elle protège les hordes lavalassiennes, les "chimè"qui menacent, frappent, tuent et brûlent. Elle intervient brutalement, bastonnant les journalistes, les partisans de lopposition, la population qui réclame de meilleures conditions de vie. Le porte-parole de la police dans toutes ses interventions à la presse nhésite pas à mentir face à la population. Le trafic de la drogue sest propagé dans les rangs de linstitution policière. Cela ne pourrait être autrement car le Président lui même demande à la police de fermer les yeux sur le trafic des stupéfiants. En effet le 30 septembre 2002 les policiers réunis au Palais écoutent les consignes du chef: "Le nou we drog ap pase, pase lwen li" (sic). Ne revient-t-il pas au simple citoyen de dénoncer les crimes dont il est témoin? Le policier, fonctionnaire public doit, lui, fermer les yeux, selon M. Aristide. Cette police na jamais été et nest pas la force publique indépendante et efficace que la communauté internationale disait avoir aidé à établir en 1994.
"Jamais, plus jamais, nos frères et nos soeurs haïtiens ne seront vendus pour que leur sang se transforme en sucre amer". Cétait Aristide à lONU en septembre 1991. Mots très vite oubliés. Monsieur le Président navait pas encore connaissance du pot de vin versé en cash à ses prédécesseurs, au début de la zafra pour assurer le flux des haïtiens vers les bateys. Il a même fait mieux. Selon une étude conjointe de International Migration Organization et de lUNICEF, 2000 enfants haïtiens sont vendus chaque année à la mafia dominicaine pour être utilisés comme mendiants. Les jeunes haïtiennes désespérées, renversant le cours traditionnel des choses, vont vendre leur chair fraiche aux voisins. Les conditions de vie des haitiens dans les bateys ont empiré selon une enquête menée par un prêtre belge.
La classe moyenne est ruinée par leffondrement des coopératives. La classe des affaires est au bord de la faillite, rudement affectée par linflation de la gourde et la détérioration du pouvoir dachat. La classe paysanne, sans support technique et financier, gonfle les bidonvilles des cités.
La corruption dans le pays est totale. Les comptes publique deviennent affaires privées. Quen est il de la Cour Supérieure des Comptes, cet organe essentiel de lEtat? Ses membres auront en temps opportun à rendre compte des malversations commises par le pouvoir lavalas depuis 1994 .
Le déficit budgétaire atteint 30 milliards de gourdes. Le FMI impose un plan dajustement structurel comme condition de prêts éventuels. Si les exigences du FMI sont acceptées par le gouvernement le coût de la vie va augmenter vertigineusement. La gourde qui a dépassé le seuil des 30 gourdes pour un dollar va atteindre des cimes inconnues. Davantage de misère et davantage de violence semblent être la perspective immédiate du pays.
Les millions dépensés pour le lobbysme ne donnant plus de résultats le pouvoir lavalas invente chaque semaine un coup détat. Manque dimagination politique. Prétexte utilisé inlassablement, notammment le 30 janvier 1991, le 29 septembre 1991, le 28 juillet 2001, le 17 décembre 2001, le 3 octobre 2002. Comme les sons intermitents dun disque rayé.
LOPPOSITION
Sans âme, sans imagination, la Convergence sest complue délicieusement dans le caroussel des négociations qui tournait, tournait jusquà lui donner le vertige au point quelle ne sest même pas rendue compte quelle était tombée de cheval. Vlan! LOEA lécarte sans un mot dexcuse. De pâles déclarations à la radio étaient le seul domaine où elle put se confiner. Micha Gaillard confesse quil faut une restructuration, quil faut modifier les angles de tir. Maintenant seulement! Quand jécrivais dans un article que la Convergence allait être écartée, on mavait insulté et traité de donneur impénitent de leçons quon devait abattre. La voilà la réalité. La Convergence à la traine dun organisme régional. Une opposition qui ne dit mot quand lOEA fixe un procédé inédit pour former le CEP, en dehors de la Constitution haitienne. Les partis politiques qui ne sont pas de la Convergence ne se font pas entendre. Quand on sinterroge sur leurs décisions, ils disent quils consultent, quils se réunissent. Jamais ne nous arrivent les résultats de ces consultations et de ces réunions. Tout le monde se tait, attentif aux prochains pas de lOEA. Et, le temps passe. Et le temps presse. Et le pays senfonce. Demain, il est trop tard comme disait lInitiative de la Société Civile.
LA SOCIETE CIVILE
LInitiative de la Société Civile ne sait plus à quel saint se vouer. Après avoir réclamé lapplication de la Charte démocratique contre Haiti, elle dit considérer la possibilité des élections exigées par lOEA. Elle arrive même à demander la présence militaire étrangère sur le sol haïtien. Pourquoi veut-elle de cette solution? Certains parmi la société civile pensent peut être déjà, comme en 1915 que le blanc va amener des contrats alléchants pour leurs entreprises et comme en 1994 le blanc prendra en location leurs halles de la zone industrielle et dailleurs.
Pourquoi la société civile haïtienne dans son ensemble ne se décide-t-elle pas à organiser une grande marche pacifique? On voit difficilement le gouvernement pouvoir sévir contre des milliers de commercants, de médecins, davocats, de journalistes, dindustriels, détudiants, de partis politiques, de prêtres, de pasteurs, dingénieurs etc.. réunis au même temp, au même lieu exigeant la réforme de la police et le désarmement des chimères. Cela est il impossible? Si oui, laissez tomber et continuez à recevoir les claques du pouvoir.
Aucune proposition sérieuse à part de rares et timides déclarations de Desroches et autres. Nous navons droit quaux fanfaronades dun certain Colonel Rébus. "Mais non, mon cher, il faut trois heures pour rétablir le calme en Haïti" (déclaration sur Radio Focus). Avec qui, avec quoi, avec quelle force publique, mon cher? On pourrait se croire au ciné Paramount, séance de trois heures de laprès-midi: "Je vais, je tire et je reviens". En effet, Rebus tire sur tout ce qui bouge: gouvernement, justice, opposition, leaders politiques. Il tire aussi sur tout ce qui ne bouge pas. Il feint, tout en leur donnant des coups de griffes acérées, de prendre la défense de militaires croupissant en prison (Avril, Guy François). Il sattaque obsessionellement à des militaires hors du pays depuis belle lurette. Il flatte les bas instincts du peuple et des petits soldats "démobilisés", utilisant un langage emprunté volontairement populiste. Il est en campagne. Cest son droit légitime mais il effraie quand il la mène sur le dos des autres. Pourtant, il ne dit rien des Dany Toussaint, Chérubin, Chacha et autres très lugubres personnages lavalassiens, ses anciens camarades de complot de 1988 (déclaration sur Radio Caraibes). Sont-ils eux des hommes corrects? Il est curieux de voir que lui et le Sénateur Dany utilisent pour leurs déclarations les mêmes mots, les mêmes stations et les mêmes dates. Sont-ils de mêche? A moins que ce groupe lui ait donné la garantie quil pouvait saccaparer sans danger des micros. Si cest ce genre de politiciens que lavenir nous réserve, si cest tout ce qui reste en Haïti pour constituer une nouvelle classe politique, neg pran lan twa rwa.
LEglise Catholique ne fait que de timides interventions et déclarations. Elle nage entre deux eaux comme dhabitude, continuant à recevoir les gifles dAristide. Nonciature et cathédrale brûlées, Evêques menacés et molestés. Hier encore à Hinche la résidence dun Evêque est violée et un citoyen est déchiqueté et brûlé devant lui. LEglise parle encore daccord politique. Accord avec qui? Avec ce diablotin qui a coloré de pourpre leau de vos bénitiers? Allons messieurs,, soyez honnêtes avec vous-mêmes et avec ce peuple que vous êtes, vous aussi, chargés déclairer.
La NCHR, un organisme de droits humains, arrive même à excuser Aristide quand il menace la presse au Ranch de Jean Claude Duvalier. Aristide nest pas responsable de ses déclarations puisque la NCHR se demande "quel mauvais démon habitant ces lieux avait inspiré le chef de lEtat. Comme si Aristide avait besoin de muse diabolique. Il est temps que notre société cesse de se cacher la face. La faute nest pas à eux mais aux macoutes, aux attachés, aux militaires et à qui encore? Cela fait 16 ans que Duvalier est parti; cela fait 8 ans que les militaires ne sont plus là. Alors? Le pouvoir lavalas sous la défroque de la démocratie a fait pire que les régimes passés. Il a effacé le concept dinstitution de lesprit des Haïtiens et y a implanté lanarchie comme système et la violence comme moyen. Comment pourrait-il en être autrement? Nous navons aucune référence. La Constitution? Connais pas. Cest inquiétant de constater que même nos hommes les plus formés ne connaissent pas cette Constitution quils évoquent portant à tout moment. Ce nest pas un hasard si au cours de la même semaine un "éminent journaliste", Daly Valet et un ancien ministre, Jean Claude Bajeux, sur Radio Focus affirment que Aristide peut briguer un troisième mandat. Comment peuvent-ils ignorer larticle 134.3 de la Constitution qui prescrit quen aucun cas, il (le président) ne peut briguer un troisième mandat? Cette charte a-t-elle été seulement pour certains un instrument pour régler des comptes? Les comptes réglés on nen parle plus. Alors comment pouvons nous croire quil y a de lespoir pour ce pays?
LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE
Son échec dans le cas haïtien nest même plus à rappeler. Vingt (20) missions de lOEA pour leurrer, pour maintenir Haiti dans lexpectative pendant que le pays se meurt. La borlette des résolutions dans laquelle personne ne gagne continue: 806, 822. M. Aristide annonce déjà quil appliqura les demandes de lOEA par étapes sans se soucier de limite imposée. Que se passera-t-il? Rien, croyons nous. Cette communauté internationale na aucune volonté réelle de résoudre la crise haitienne au bénéfice du pays. Elle cherche toujours les solutions faciles et celles qui lui conviennent.
Comment lOEA peut-elle demander à lopposition dexister, voire de signer un accord si après avoir réimposé au pays le pouvoir dictatorial lavalas en 1994, elle sest ingéniée à éliminer toute velléité opposition? Combien de citoyens ont été arrêtés à lépoque par les troupes onusiennes parce quils avaient des opinions contraires à celles de lavalas? Combien de citoyens ont été tués par ce quils utilisaient un droit constitutionnel: la liberté dexpression. Mireille Bertin fut assassinée de 45 balles parce quelle nacceptait pas la doctrine lavalas. Cela se passait deux jours avant la visite du Président Clinton en Haiti. La leçon a été apprise et retenue car le député lavalas de St Marc, Amaus Mayet déclare le 3 octobre 2002 quil faut arrêter tous ceux qui crient; "A bas Aristide".
La Communauté Internationale sindigne et parle fort quand la police affiche sa basse soumission au pouvoir. Comment pourrait-il être autrement si cest en présence du Secrétaire Général de lONU, Boutros Boutros Ghali et du Secrétaire dEtat américain Warren Christopher que la première classe dofficiers de la Police Nationale jura allégeance à Aristide : "Yon sel nou feb etc "? , on connait le reste de leternel refrain. Force publique vouée corps et âme au pouvoir qui pour le remercier ferme les yeux sur les kidnappings, les viols et les meurtres perpétrés par des membres de cette police.
Non seulement lOEA choisit les élections comme solution à la crise, elle impose la procédure de formation du CEP. La Constitution haitienne vient dêtre modifiée par un organisme régional. Et de quoi, parlons-nous ? Elections! LOEA a été la première à dénoncer celles de mai 2000 comme frauduleuses. Elle avait fait ressortir la participation active de la Police Nationale dans cette infamie. Urnes séquestrées par des éléments en uniforme. Urnes bourrées après la fermeture des bureaux de vote. Absence de comptage des voix. Bulletins répandus dans les rues dès le lendemain du vote. Alors comment lOEA veut-elle faire croire à la population haitienne que des élections sont possibles avec les mêmes structures de 2000? Comment lOEA va-t-elle convaincre la population haitienne à se prêter une nouvelle fois à une farce de mauvais goût? Curieusement, le représentant de lOEA et de la CARICOM, Orlando Manville, qui avait dénoncé les fraudes électorales de mai 2000 et avait dit que novembre 2000 ne serait pas différent, disparait de la scène. Sans moralité aucune lOEA ne sest pas gênée pour le faire taire et le faire oublier.
LEglise catholique, les déçus dAristide, les partis politiques alliés dhier de lavalas, la classe moyenne qui a voté le Coq par émotion, ceux de la classe possédante qui pensaient se donner une bonne conscience, le peuple qui cherchait un messie, la Communauté internationale qui fit dAristide la personnification de la démocratie, tous ceux qui hier ont contribué à fabriquer le mythe lavalas, aujourdhui prient tous les Saints pour le voir disparaitre. Ne savaient-ils pas que "quand on embarque le diable, il faut naviguer avec lui"?
La Patrie est comme une barque dirigée par un capitaine dément sur une mer démontée. Tous les occupants du vaisseau la regardent, impuissants, se diriger vers un récif prêt à léventrer. Quand enfin aura-t-il lieu, le grand sursaut, pour balancer par-dessus bord le diable-capitaine?
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