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Affiché le vendredi 11 avril 2003 |
Les Africains seraient inspirés de s'intéresser davantage au sort de Haïti. D'abord,
parce que ce tiers d'île en apnée est certainement le plus « africain » des États
d'Amérique du Sud et des Caraïbes. Ensuite, parce que Haïti est, après tout, la
première République noire de l'Histoire. La proclamation de son indépendance remonte au
1er janvier 1804, quelques années donc après celle des États-Unis d'Amérique (1776),
mais bien avant l'accession à la souveraineté internationale de pays comme la Colombie
(1810), l'Argentine (1816), le Brésil (1822) et le Canada (1867). Enfin, parce que cet
État de 8 millions d'habitants en proie à une instabilité chronique et à la violence
(voir pp. 42-43) pourrait servir de laboratoire aux étudiants et aux politologues
africains (photos)..
Depuis bientôt deux cents ans, en effet, ce beau pays fondé par des « jacobins noirs
» est à la traîne de tout, sauf peut-être de la littérature, de la poésie et de la
peinture. Un peu comme le Liberia, qui fêtera, dans moins de cinquante ans, le
bicentenaire de sa « création », en 1847, par des esclaves noirs affranchis, ou
l'Éthiopie, dont les habitants s'honorent pourtant de n'avoir « jamais été colonisés
». Dans le classement mondial établi en 2002 par le Programme des Nations unies pour le
développement (Pnud), Haïti occupe la 146e place sur 173. Bien après le Cap-Vert, le
Ghana, le Lesotho, l'Algérie, le Maroc, la Tunisie, Cuba et les... îles Fidji.
L'espérance de vie sur ce morceau d'Afrique adossé à la République dominicaine est
de 53 ans, alors que la moyenne dans la région tourne autour de 70 ans. La mortalité
infantile y est deux fois plus élevée. La moitié des enfants de moins de 5 ans ne
mangent pas à leur faim et un adulte sur deux ne sait ni lire ni écrire. Pendant ce
temps, et alors même que certains n'écartent pas l'hypothèse d'une « mise sous tutelle
» - un scandale deux cents ans après l'indépendance ! -, les politiciens haïtiens,
rompus à l'agit-prop, aux combinaisons d'appareil, à la palabre stérile, à la
transhumance politique et à la « complotite », donnent de leur pays une image
consternante.
Au terme de deux siècles de liberté, la Somalie, le Liberia, la Sierra Leone, la
Centrafrique et la République démocratique du Congo seront-ils, à l'instar de Haïti,
des pays zombis ? Ou seront-ils, comme la Norvège, la Suède et le Canada, la troïka de
tête du Pnud, des nations prospères ? À vos plumes... Francis Kpatindé
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